mardi 4 juin 2013

MÉCANHUMANIMAL / ENKI BILAL






Hier soir, j'ai eu le privilège de me rendre au vernissage de l'exposition MÉCANHUMANIMAL d'Enki Bilal, au musée des Arts et Métiers. Exposition qui débute ce jour et se terminera le 5 janvier 2014.
L'artiste était présent, accessible. Tchéky Karyo était là, lui aussi, superbe dandy.

Les planches originales des bandes-dessinées (issues de La Trilogie Nikopol et de La Tétralogie du Monstre), alternent avec des machines sorties tout droit des réserves du musée, et sélectionnées par Bilal lui-même. Parce que leur technologie est dépassée, vétuste, presque rouillée ; et qu'elle répond aux personnages de Bilal, en fusion avec la Machine. Il n'y à qu'à voir l'affiche de l'exposition pour comprendre que les êtres du futur feront corps avec le métal, qu'ils seront un race de mutants, de cyborgs. Et qu'ils useront des techniques pour voyager, non plus dans l'espace, mais dans le temps.




De très bons descriptifs accompagnent les instruments du passé et à l'utilisation détournée. Comme cet émanateur de radium, véritable fontaine de Jouvence, à boire ou à s'irradier ! Comme ce téléimprimeur qui sert à envoyer des dépêches de 2025 au journal Libération de 1993 ! Ou encore cette véritable nacelle de ballon stratosphérique qui sert à un professeur à s'envoler dans l'espace !
Réalité et fantasme se fondent, la technologie sert à la perfection l'imaginaire de Bilal.

La toute première salle, ainsi qu'une seconde dans le parcours, nous plongent dans une lumière noire et une ambiance sonore signée Goran Vejvoda (le compositeur de la bande-son d'Immortelle), où projections et 3D sont à couper le souffle.
Tantôt un homme nu vêtu d'un seul chapeau avance en symbiose avec un félin.




Tantôt c'est la galaxie qui tournoie vertigineusement et dans laquelle s'immiscent vaporeusement des visages Bilaliens.
Tantôt c'est l'image d'un homme en apesanteur qui est projeté en parallèle et au-dessus d'un turboréacteur, que notre cerveau analyse comme une possible capsule d'hibernation.




Enfin, dans un renfoncement de couloir, une autre projection enchaîne les portraits dans un kaléidoscope de couleurs, de scènes, de vies. Un éventail hypnotique, des possibles à l'infini.




Quant à elles, les planches de bande-dessinées _ une centaine _ donnent toute la dimension du talent de Bilal. Celles qui d'ordinaire sont écrasées et réduites lors de l'impression des livres explosent ici sur nos rétines. Les reliefs sont d'authentiques trompe-l'œil, les couleurs d'une intelligence rare, entre giclées et délavement. Chaque case est à elle-seule une œuvre d'art. Bilal dicte le regard, poignarde ou caresse. Sa maîtrise, son humilité et son humour offrent des tranches de vie, des fantasmes, des projections dont on ne veut pas se défaire.




Mon seul vœu en ressortant de cette brèche espace-temps : Enki Bilal, réalise Blade Runner en animation, et je pourrai mourir heureuse !


* * *




Yesterday evening, I had the privilege to attend the opening party of the exhibition MÉCANHUMANIMAL by Enki Bilal, at the musée des Arts et Métiers. The exhibition has started today and will be over on the 5th of January 2014. The artist was there, accessible. So was Tchéky Karyo, absolute dandy.

The original drawings (from The Nikopol Trilogy and The Monster Tetralogy) alternate with machines that have been picked up by Bilal himself from the stocks of the museum. Because their technology is outdated, antiquate, almost rusted; and because they meet the characters by Bilal, who merge with the machines. It takes a single glance to the official poster to understand that future beings will be as one with metal, that they will be a mutant race, one of cyborgs. And that technology will help them travel, not in space anymore, but through time.





Precise descriptions come with these instruments from the past, whose use is clearly hijacked. Like this radium emanator, real fountain of youth, to be drinked or irradiated from! Like this teleprinter that enables you to send press dispatches from 2025 to the 1993 Libération newspaper! Or again like this genuine stratospheric balloon basket, which helps a professor to fly into space!

Reality and fantasy melt. Technology perfectly serves Bilal's imagination.

The very first room, as a second one in the itinerary, have us engulfed in dark light with a sound ambiance from Goran Vejvoda (the composer of the soundtrack Immortelle), where projections and 3D are breathtaking. 

Sometimes that's a naked man with a hat walking as one with a feline.




Sometimes that's a twirling and vertiginous galaxy inside which faces vaporously appear.

Sometimes that's a weightless man floating above a turbojet, which our brains analyse as a possible hibernation capsule. 




At last, in a hall recess, an other projection goes from portrait to portrait in a kaleidoscope of colours, scenes and lives. A hypnotic range of hypnotic possibilities.





As for the original drawing boards _ a hundred _, they emphasize Bilal's amazing talent. The same ones that keep being flattened and reduced when printed now smash our retinas. The relief IS real trompe-l'œil, colours are of a rare intelligence, between squirting and fading. Every single vignette a work of art in itself. Bilal dictates gaze, he stabs and caresses. His mastering, his humility and his humour offer slices of life, fantasies and projections that we can't decide to dismiss.





My one and only wish as I leave the exhibition:  Enki Bilal, direct an animation version of Blade Runner, and I can die happy!

8 commentaires:

  1. Encore un excellent article signé Oriane.
    Cette capacité à transmettre ton émotion devant une oeuvre est assez remarquable (je te l'envie: j'en suis incapable). Peu de mots, mais d'une redoutable efficacité. C'est toujours juste.
    Au final, tu m'as furieusement donné envie d'aller découvrir cet univers (et c'est malin, comme si mon agenda n'était pas assez surchargé!^^)

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  2. Tu es très douée pour les jeux de mots, c'est un autre talent ! Merci, en tous cas. Et débloque-toi 2 heures dans ton planning de ministre, ça fait voyager, je te le garantis. ^^

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  3. Bravo très très intéressant très très bien écrit :))

    maG

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  4. Rrrrolala comme une envie folle d'y aller!!! Et pourtant à l'origine je ne suis pas fana de BD mais bon, les travaux d' Enki Bilal m'ont toujours fasciné, quel talent! Merci pour cet article! (Oh et au fait, je suis tout à fait d'accord avec toi...Blade Runner par Enki Bilal...ça serait juste le pied!)

    Amélie *Freyia*

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  5. Tu vas te régaler ! Enki Bilal est seulement compressé pour le format BD. Cette expo t'apportera des réflexions sur la mécanique, l'humain et l'animal, de quoi te contenter ! :)

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  6. Voilà un article qui donne pour le moins envie de se rendre très vite à cette expo ! Merci du partage ! (Par ailleurs, l'image de fond du blog est... miam :)

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  7. Ho,merci ! Prise d'une certaine fenêtre... ^^

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